Invasions biologiques: la tortue de Floride et ses parasites représentent-ils une véritable menace pour les espèces indigènes?
Resumé
Les invasions biologiques sont considérées comme la deuxième cause d’érosion de la biodiversité. Les espèces introduites contribuent en fait à la désorganisation des écosystèmes et viennent perturber l’équilibre qui existe entre les espèces autochtones et leur environnement. Elles peuvent devenir envahissantes car mieux adaptées en l’absence de leurs ennemis naturels, prédateurs et/ou parasites, mais également véhiculer leurs propres parasites à l’origine parfois de pathogénicités sévères vis à vis des espèces hôtes natives. La vente de la tortue de Floride, en particulier l’espèce à tempes rouges Trachemys scripta elegans, a représenté une part importante du marché international sur les animaux exotiques vers la fin du XXe siècle. La présence de T. s. elegans dans tous les grands bassins hydrographiques français semble constituer une réelle menace pour les deux espèces de tortues d’eau douce indigenes, emblématiques et menaces, des zones humides de France, la cistude d’Europe Emys orbicularis et l’émyde lépreuse Mauremys leprosa. Si de nombreuses espèces de parasites ont été décrites sur des tortues en milieu naturel, ce sont bien les parasites exotiques qui représentent la plus grande menace, avec parfois des conséquences désastreuses, quant à la survie des populations indigènes. C’est pourquoi nous avons commencé à dresser depuis mai 2006 un premier inventaire parasitologique des tortues indigènes et de la Floride dans un parc animalier des Pyrénées Orientales (http://www.lavalleedestortues.fr/ValleeTortues/recherches). Cette étude préliminaire nous a permis d’identifier certaines espèces parasites, autochtones et allochtones, sur les cistudes et les émydes. L’analyse de ces premiers résultats indique pour la première fois une transmission de parasites des tortues de Floride vers les tortues indigènes en milieu confiné, suggérant ainsi l’implication des tortues de Floride dans la dispersion d’agents pathogènes. Mais une transmission est-elle possible en milieu naturel ? Si oui, cela pourrait contribuer à renforcer l’impact négatif des tortues de Floride en Europe. C’est pour répondre à cette question que nous proposons le projet suivant.
L’absence de données scientifiques sur la parasitologie des tortues d’eau douce en milieu naturel nous amène aujourd’hui à proposer une étude pour déterminer l’importance des transferts de parasites exotiques sur les populations indigènes en Languedoc-Roussillon. Pour accomplir cet objectif, deux axes de recherche sont proposés :
Axe 1 : Suivi et génotypage des populations indigènes et exogènes en Languedoc-Roussillon ;
Axe 2 : Épidémiologie des populations indigènes en présence et en absence de tortues de Floride ;